lundi 9 novembre 2009

Du déni de l’autre

[Publié le 16 octobre 2009]




Ca n’est peut-être qu’un moindre mal mais c’est significatif : le conflit israélo-palestinien passe au quotidien par la négation de l’autre sur des aspects qui peuvent nous sembler anodins.







Démonstration par deux exemples vécus en juillet 2009 à Jérusalem issus de mes carnets de voyage :

« Mercredi 22 Juillet 2009 au matin : Compte-tenu du temps limité que j’ai pour me rendre à la Knesset (photo ci-dessus), je dois me résoudre à emprunter un des taxis qui attend le client au niveau de la porte de Jaffa. J’arrive vers le groupe de chauffeurs de taxis, les salue en hébreu et leur demande en anglais s’il est possible de se rendre à la Knesset. « La quoi ? » me demande l’un d’entre eux. Plusieurs font mine de ne pas savoir ce qu’est la Knesset. Je leur précise alors en anglais qu’il s’agit du parlement israélien. En réalité, aucun chauffeur de taxi de Jérusalem ne peut ignorer ce qu’est la Knesset. J’ai réalisé quelques instants plus tard que tous les chauffeurs présents porte de Jaffa étaient Arabes. Un autre chauffeur finit par s’avancer vers moi et me proposer de m’emmener à la Knesset pour 60 shekels (12 euros environ). Je sais que c’est cher mais je réalise à ce moment-là que je n’ai pas d’autre choix. L’idéologie de ces chauffeurs de taxi Arabes apparaît finalement secondaire face à l’attrait de l’argent. Tant mieux quelque part… D’autant plus que des Arabes Israéliens siègent à la Knesset… Mon chauffeur se révèle finalement assez ouvert et sympathique, même s’il essaie avant tout que je l’embauche à la journée pour m’emmener à Bethléem après « mes affaires » à la Knesset. Je persiste à refuser, autant par amour de la liberté et de l’indépendance que par manque d’argent. Il finit par me déposer devant la Knesset en affirmant que je suis quelqu’un de gentil et qu’il me consent de ce fait une ristourne de 10 shekels. A l’avenir, je demanderai à la quasi-totalité des chauffeurs de taxi d’utiliser leur compteur, bien souvent plus avantageux que le fait de négocier un prix au départ. Tout dépend des embouteillages en réalité ! »









Ni les Palestiniens ni les Arabes Israéliens n’ont le monopole du déni de l’autre :

« Lundi 27 Juillet 2009 en début d’après-midi : De retour dans la vieille ville, je décide d’aller sur l’esplanade des Mosquées, accessible à un seul endroit pour les non-musulmans situé à proximité du mur des Lamentations. Des agents de sécurité israéliens situés près du fameux Kotel à qui je demande où se situe l’accès à l’esplanade jouent aux imbéciles, à l’instar des chauffeurs de taxi Arabes Israéliens qui prétextaient ignorer ce qu’est la Knesset. Des pulsions criminelles surviennent en moi. J’ai envie d’en cogner un et de lui dire : « A défaut de vous aimer, arrêtez au moins de vous nier en permanence ! ». Le temps passe à une vitesse folle et l’esplanade n’est ouverte que quelques heures par jour. A quelques minutes près, je risque de ne pas pouvoir accéder au plus grand lieu saint de l’Islam de Jérusalem. J’arrive heureusement à canaliser mes pulsions, et à trouver in extremis l’accès à l’esplanade qui n’est autre que ce fameux passage couvert en bois que j’avais repéré dès ma première venue au Mur des Lamentations mais dont j’ignorais l’usage. Un contrôle des services de sécurité israéliens est un préalable nécessaire avant d’emprunter cette passerelle en bois qui passe au-dessus d’une des extrémités du Mur des Lamentations. Arrivé sur l’esplanade, un guide Arabe me propose ses services pour visiter les lieux en me faisant comprendre que je n’ai que peu de temps pour justifier de son utilité. Je le remercie en arabe mais lui fais comprendre qu’un peu de solitude serait tout à fait approprié pour moi. Le Dôme du Rocher (photo ci-dessus) est une merveille architecturale. Un joyau de l’architecture arabo-musulmane. Un régal pour tout esthète ».

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