lundi 9 novembre 2009

La valse des spéculations sur l’après Fillon : Anne-Marie Laroche-Verdun bientôt à Matignon ?

[Publié le 1er novembre 2009]


Le quotidien Le Monde s’interrogeait au cours des dernières semaines sur les noms des possibles successeurs de François Fillon à Matignon. Six ministres du gouvernement Fillon étaient cités comme premier-ministrables : Jean-Louis Borloo, Brice Hortefeux, Christine Lagarde, Eric Besson, Eric Woerth et Luc Chatel.


La premier d’entre eux, Jean-Louis Borloo, attend Matignon depuis déjà plusieurs années, et est pressenti à ce poste à chaque remaniement ministériel. Il était déjà question de Jean-Louis Borloo pour achever le quinquennat de Jacques Chirac, notamment après les turbulences vécues par Dominique de Villepin au moment des débats sur le CPE (Contrat Première Embauche) en 2006. Ministre d’Etat en charge d’un super-ministère créé au départ à l’attention d’Alain Juppé, Jean-Louis Borloo disposerait de sérieuses chances d’accéder à Matignon en cas de bon score des Verts aux élections régionales de 2010 ainsi qu’en cas de succès du prochain sommet de Copenhague. « L’atout vert » de Nicolas Sarkozy, jouissant d’une popularité de long terme auprès des Français, souffre cependant de la réputation (justifiée ou non ?) de ne pas être un bourreau de travail, ce qui pourrait s’avérer problématique à Matignon.





Brice Hortefeux, Ministre de l’Intérieur et meilleur ami du Président de la République, a pris successivement du galon au sein des différents gouvernements Fillon. Sa nomination à Matignon représenterait un virage à droite pour la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, comme un appel à la mobilisation de la base électorale de droite avant les échéances de 2012. Fragilisé par la polémique sur ses propos plus que douteux tenus à l’encontre d’un jeune militant UMP issu de l’immigration maghrébine, Brice Hortefeux a cependant réussi à rebondir, soutenu en cela par des « cautions anti-racistes » comme Fadela Amara ou Jack Lang, au gouvernement comme dans l’opposition.






Christine Lagarde, locataire de Bercy, a longtemps été donnée partante des différents gouvernements Fillon. Un véritable retournement de situation s’est opéré au cours des derniers mois en faveur de cette avocate parfaitement bilingue en anglais et disposant d’importants réseaux outre-Atlantique qui a débuté sa carrière politique au sein du gouvernement de Dominique de Villepin. Avec la nomination de Christine Lagarde à Matignon, une femme accèderait au poste de Premier Ministre pour la deuxième fois de l’histoire de France, avec des chances de succès a priori plus élevées que pour Edith Cresson.





Les médias ne parlent actuellement plus que de lui. En voulant lancer un débat sur l’identité nationale, le nouveau chouchou du Président de la République fait parler de lui en reprenant un des thèmes phares du sarkozysme. Un des symboles de l’ouverture à gauche, Eric Besson fait également parler de lui en raison de la sortie du livre de son ex-épouse, la géographe Sylvie Brunel, qui décrit dans Manuel de guérilla à l’usage des femmes l’homme qui se cache derrière ses habits de ministre de la République. Pressenti pour Matignon, Eric Besson désirerait en réalité dans un premier temps plus prudemment Bercy, qui correspond à son domaine d’expertise du temps où il était membre du Parti Socialiste. Un ministère clé avant de se positionner pour Matignon… en 2012.





L’autre locataire de Bercy, Eric Woerth, commence à faire pas mal parler de lui. Ne supportant pas d’être assimilé au « super expert-comptable » de la France, le par ailleurs Maire de Chantilly est apprécié de l’Elysée pour son sérieux et sa force de travail. Le bilan plutôt positif d’Eric Woerth à la tête d’un ministère du budget, des comptes publics et de la fonction publique peu aisé à gérer laisse présager d’une promotion de l’édile cantilien à de plus hautes fonctions. Reste à savoir lesquelles. Le ministère de la Justice auquel il avait été lors du dernier remaniement à un moment pressenti ? Ou bien Matignon ?





Luc Chatel incarne pour sa part une relative jeunesse et le renouvellement de la classe politique française. Ministre de l’Education Nationale et porte-parole du gouvernement, sa nomination à Matignon pourrait être perçue comme quelque peu précoce mais comme chacun sait maintenant grâce à l’érudit Ministre de la Relance : « La valeur des hommes n’attend point le nombre des années… ».





A côté de ces six noms présentés par Le Monde comme premier-ministrables, Double Regard a retenu sept autres noms de personnalités qui eux-aussi peuvent être considérés comme de potentiels successeurs de François Fillon :


Xavier Darcos : Le Ministre des Affaires Sociales était encore il y a peu fréquemment cité par la presse comme un candidat sérieux à la succession de François Fillon. Incarnant une droite à la fois décomplexée mais fidèle à une tradition sociale, Xavier Darcos représente une « force tranquille » ancrée dans le terroir de nature à rassurer l’électorat de droite tout en n’étant pas incompatible avec la poursuite de l’ouverture à gauche. De plus, dénoué d’ambitions présidentielles du fait de son âge certain, Xavier Darcos représenterait le profil idéal de Premier Ministre pour un Président de la République comme Nicolas Sarkozy.





Claude Guéant : Le Secrétaire Général de l’Elysée rêve de Matignon chaque matin en se rasant. Ce choix aurait une certaine cohérence compte-tenu du pouvoir gagné par l’Elysée aux dépends du gouvernement depuis 2007. D’un point de vue politique, ce choix serait extrêmement risqué, Claude Guéant étant à l’instar de Dominique de Villepin avant 2002 un homme de l’ombre qui n’a jamais connu le suffrage universel.





Xavier Bertrand : Longtemps annoncé comme le successeur de François Fillon à Matignon, ce bourreau de travail qui confesse ne dormir que cinq heures par nuit a perdu en visibilité médiatique depuis qu’il a quitté le gouvernement au profit du poste de Secrétaire Général de l’UMP. Un peu de patience, son heure à Matignon (et même plus haut…) viendra… Probablement en 2012, pour démarrer le deuxième quinquennat de Nicolas Sarkozy.




Dominique Strauss-Kahn : Même si cette hypothèse apparaît comme la plus improbable de toutes, elle a eu le mérite de circuler à plusieurs reprises dans les médias et dans le monde politique. Nicolas Sarkozy serait capable d’une telle nomination. Reste à en mesurer le bénéfice politique pour la majorité, et à convaincre le principal intéressé, qui conserve à ce jour toutes ses chances dans sa famille politique d’origine en vue de la présidentielle de 2012 et qui n’aurait par conséquent pas nécessairement intérêt à franchir le Rubicon pour rejoindre le rivage sarkozien. Pour le moment en tout cas…





Bruno Lemaire : Assez improbable pour le moment, cette hypothèse a toutefois été évoquée dans certains médias. Incarnant le renouvellement générationnel comme Luc Chatel, Bruno Lemaire a en plus pour lui l’avantage de représenter une prise de guerre de poids du côté de Dominique de Villepin dont il est l’ex directeur de Cabinet à Matignon. A l’heure où l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac vient avec talent de repartir dans l’arène politique avec en ligne de mire la présidentielle de 2012, une nomination de l’actuel Ministre de l’Agriculture au poste de Premier Ministre contribuerait à affaiblir Dominique de Villepin dans sa probable quête de l’Elysée.





Pierre Méhaignerie : Même si son heure semble passée pour Matignon, le recours à ce vétéran de la politique française démocrate chrétien rassurant et consensuel pourrait constituer un joker pour Nicolas Sarkozy en fonction des résultats des régionales du printemps 2010.




Anne-Marie Laroche-Verdun : Première maîtresse de Nicolas Sarkozy comme elle l’écrit dans un ouvrage intitulé J’ai été la première maîtresse de Sarkozy et inconnue du grand public jusqu’alors, Anne-Marie Laroche-Verdun pourrait comme l’immense majorité des citoyens français devenir Premier Ministre du jour au lendemain par la grâce de l’Elysée en toute légalité vis-à-vis de la Constitution française du 4 octobre 1958. Une véritable exception française parmi les démocraties occidentales. Une véritable anomalie également ?



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